Ne
pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...
Je me
souviens encore de ce petit matin… [1]
-
Je te l’avais dit. Aujourd’hui on est jeudi, le premier jeudi du mois
-
Eh alors, le premier jeudi du mois. J’ai oublié de te souhaiter ton
anniversaire ?
-
Non, tu dois…
-
Ah oui, je sais je dois passer payer la location du rocher… mais vous là-bas,
votre contribution… elle est où ?
C’est
chaque fois pareil. Tous les mois les mêmes réponses, et cela dure depuis la
nuit des temps mais maintenant grâce à moi, Greffier, il reste des traces.
Je
vous retranscris en langage humain ce qu’ils osent me répondre, agrémenté de
quelques-unes de mes réflexions quelque peu édulcorées afin d ‘être lisible de
tout un chacun :
-
moi, Oscar, je m’occupe du ménage… regarde comment le rocher brille…
Tu
parles… juste à l’emplacement de ses pattes et de celles de sa dulcinée… le
reste, un dépotoir.
-
Pstttt, m’abaissez à lui répondre…
Lui,
le dédaigneux, c’est Gontron, toujours face à la mer. Il ne daigne jamais me
regarder quand je lui parle. Monsieur s’abime dans la contemplation de la baie
des Anges et surtout de l’autre qui minaude en haut de la Tour…
- Il croit que je n'ai que cela à faire avec les deux petits à surveiller. Ils sont déjà presque aussi gros que moi.
Elle, c’est Paprika, ma douce, ma tendre. Pour elle…
je ferais tout… c’est vrai qu’avec les deux petits, elle ne s’’ennuie pas mais
quand même, je fais tout et encore tout et tout et tout. Ras le bol….. plus
exactement le bec
- Ce n’est pas de cela que je
te parle. Tu dois envoyer…
- En voyer quoi… les feuilles
en l’air… je ne suis pas un pigeon ou une poule
- Non, tu dois envoyer ton
texte
- Quel texte….
- Celui du premier vendredi du
mois
- Mais tu me dis que nous
sommes jeudi….
- Il est temps… comme
d'habitude tu vas être en retard.
- Non… je suis à l’heure…
- Trop tard… il est 0.05… du
premier vendredi du mois
Avec toutes mes excuses, j’avais la tête en l’air et
le calendrier en déroute…
Acceptez ces quelques lignes un peu tardives…
Texte © 2013 - 32 Octobre
[1] : Carloz Ruiz Zafon – L’ombre du vent
Les vases communicants ?
Tiers Livre et Scriptopolis sont à
l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois,
chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les
mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire
des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. Beau
programme qui a démarré un 3 juillet entre les deux sites, ainsi qu’entre Liminairede Pierre Ménard et Fenêtres / open space d’Anne Savelli.
Si vous êtes tentés
par l’aventure, faites le savoir ici.
Et les lectures de
ce mois sont à poursuivre ici.
3 commentaires:
Gracieux essais Ripolin.
Ton texte a le sérieux avantage de faire rire ! Qualité suprême :-)
Voilà des mouettes bien bavardes ! J'en ai vu en bien des circonstances, mais je n'ai pas eu l'heur de leur plaire sans doute, car elles ne m'ont pas parlé ... à moins que je n'ai pas su les entendre ? Je tendrai l'oreille, la prochaine fois ...
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