Quinze heures passées de quelques minutes, le 29 juillet 2011 je sors de la Cinémathèque française dans le parc de Bercy où je suis allé voir l’exposition Kubrick et je me dirige vers la Bibliothèque nationale de France en empruntant la passerelle Simone-de-Beauvoir.
Alors que d’habitude j’emprunte plutôt la voie supérieure de la structure lenticulaire centrale, cette fois-ci j’ai décidé de passer par le bas. Et juste après la séparation des deux voies, j’ai perçu dans le champ visuel une silhouette debout sur une balustrade qui se jetait en arrière par un saut périlleux (à prendre au sens étymologique) pour rebondir du noyau central du croisillon à plusieurs mètres au-dessus de la Seine vers la balustrade la plus proche de moi.
Un ou deux autres adolescents étaient perchés au-dessus de l’eau sur le rebord d’une poutrelle métallique. Stupéfait et angoissé, j’ai continué mon chemin sans geste ni parole, c’est seulement arrivé au milieu de la passerelle que je me suis retourné et ai pris cette photo
J’ai eu peur d’intervenir pour ne pas risquer de troubler la concentration de ces acrobates en herbe ni surtout pour ne pas les inciter à la surenchère dans la provocation, dans la mise en danger d’eux-mêmes.
Et je crois que j’ai associé ce risque de chute au saut volontaire qu’a fait l’une de mes amies depuis la fenêtre de son appartement situé au 11ème étage d’un immeuble. C’est l’un des suicides qui m’a sans doute le plus traumatisé et qui près de 40 ans après continue à me hanter.
J’avais rédigé la première phrase de ce message début août à mon retour de Paris mais j’ai été incapable de continuer, bien que j’y sois revenu plusieurs fois. Le déclic libérateur s’est enfin produit quand Défifoto a choisi « Pont » comme thème de la photo à publier le 1er décembre.
Vu du pont
2 commentaires:
Dramatique et très angoissant, même si le traumatisme est de ton domaine personnel. C'est bien que par l'image tu puisses essayer de le cerner mieux.
Mais quelle angoisse!!! Bravo pour la photo!
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