vendredi 25 décembre 2009

On ne sait jamais


A peine plus d’un an après son suicide, j’ai reçu une photo de Serge via Facebook de la part d’un inconnu utilisant un pseudonyme avec juste la mention « from madgy ». Cette photo faisait partie d’un album titré d’un simple point d’interrogation qui contenait en plus une autre photo de Serge prise au même moment et une image de plage de galets en bord de Méditerranée. Le tout sans légende. Ces photos ont dues être prises peu avant sa mort en 2008.
Serge et Madgy étaient des collègues avec qui je prenais souvent le café entre 1995 et 1999, date de mon départ pour Bordeaux. J’ignorais qu’ils étaient ensemble, je ne l’ai appris que très tard, peu avant de quitter la BnF, j’avais dragué Serge et nous sommes allés chez lui où nous avons baisé assez joyeusement, sans conséquence ni promesse. J’ai gardé avec Serge des relations amicales très espacées. A mon retour de Bordeaux, ils étaient partis s’installer dans le midi. Je l’ai recontacté quand j’ai décidé d’aller vivre à Nice. Il m’a envoyé deux SMS que j’ai gardés dont celui-ci tout début décembre : « Cher François, je me sens  à l’heure actuelle comme un vieil arthritique en lutte contre ses penchants pour l’alcool. De plus je n’ai aucun moyen de locomotion et suis régulièrement pris d’agoraphobie. Il me faudra malgré tout me surpasser dès la semaine prochaine. Attendras-tu jusque-là, me pardonneras-tu tant de délicates  faiblesses ? » Et c’est en arrivant à Nice le 17 décembre 2008 que j’ai appris que Serge s’était pendu. C’est Madgy qui a appelé les numéros enregistrés dans le répertoire du téléphone portable de Serge. J’étais bouleversé et sans doute lamentable avec Madgy dont je me souviens qu’il m’a affirmé que Serge m’aimait bien.
J’espère aujourd’hui que j’aurais l’occasion de renouer le contact avec Madgy. J’ai demandé à l’inconnu sous pseudonyme qu’il lui transmette mes coordonnées.
On ne sait jamais

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Serge et Madgy: complément d'information

Vendredi 05 décembre 2008, vers 11h, le matin. Putain plus de croquettes... Je travaille mais je dois m'occuper de tout. Je ne vais pas l'appeler, je vais descendre. Après tout, j'ai quasiment terminé, mais justement, dans dix minutes ça pourrait être fini. J'en ai marre. Serge est en bas, chez-lui. Je l'ai vu tout à l'heure, il était hors de lui à propos de la l'affectation du "studio numéro 4". Occupé, j'ai minimisé. Déçu, il est redescendu puis ma téléphoné en feignant être étonné que je décroche. Ça fait pourtant plus de douze ans que je suis indéfectible…

Serge et moi vivons à Gorbio, lui dans un bel espace délabré, chambre-atelier, à l'arrière de la bâtisse familiale qui trône sur la place, face au célèbre ormeau millénaire qui fait la fierté du village; moi à l'étage, dans un studio qui donne aussi sur le grand jardin.
A deux pas, à Roquebrune-Cap-Martin ont vécu Romain Gary et Lesley Blanche, puis la vieille dame a terminé sa vie plus bas, à Garavan, à quelques mètres de l'Italie, en retrait ombragé d'un front de mer accablé de soleil tout au long de l'été, dans une maison que j'ai n'ai pas réussi à identifier, en amont d'une avenue qui longe nostra marum à l'extrémité sud-est du pays où, toujours, se manifeste en moi un sentiment d'insécurité discret et ténu mais, absolu et impératif. En ce lieu précis je suis en manque de Serge, exquis désarroi qui me presse à regagner le village pour à nouveau à peine lui adresser la parole. Mais il est en bas dans sa maison délabrée sur son grand lit blanc avec son beau chat, dessinant, écrivant, écoutant de la musique et souffrant énormément.

Il est 11h 30 passé, je viens chercher les croquettes, mon amour s'est pendu.

Anonyme a dit…

Serge et Madgy: complément d'information

Vendredi 05 décembre 2008, vers 11h, le matin. Putain plus de croquettes... Je travaille mais je dois m'occuper de tout. Je ne vais pas l'appeler, je vais descendre. Après tout, j'ai quasiment terminé, mais justement, dans dix minutes ça pourrait être fini. J'en ai marre. Serge est en bas, chez-lui. Je l'ai vu tout à l'heure, il était hors de lui à propos de la l'affectation du "studio numéro 4". Occupé, j'ai minimisé. Déçu, il est redescendu puis ma téléphoné en feignant être étonné que je décroche. Ça fait pourtant plus de douze ans que je suis indéfectible…

Serge et moi vivons à Gorbio, lui dans un bel espace délabré, chambre-atelier, à l'arrière de la bâtisse familiale qui trône sur la place, face au célèbre ormeau millénaire qui fait la fierté du village; moi à l'étage, dans un studio qui donne aussi sur le grand jardin.
A deux pas, à Roquebrune-Cap-Martin ont vécu Romain Gary et Lesley Blanche, puis la vieille dame a terminé sa vie plus bas, à Garavan, à quelques mètres de l'Italie, en retrait ombragé d'un front de mer accablé de soleil tout au long de l'été, dans une maison que j'ai n'ai pas réussi à identifier, en amont d'une avenue qui longe nostra marum à l'extrémité sud-est du pays où, toujours, se manifeste en moi un sentiment d'insécurité discret et ténu mais, absolu et impératif. En ce lieu précis je suis en manque de Serge, exquis désarroi qui me presse à regagner le village pour à nouveau à peine lui adresser la parole. Mais il est en bas dans sa maison délabrée sur son grand lit blanc avec son beau chat, dessinant, écrivant, écoutant de la musique et souffrant énormément.

Il est 11h 30 passé, je viens chercher les croquettes, mon amour s'est pendu.