mardi 21 juin 2011

Maux de tête maux de mots maux de dents mots d'amour mots doux mots amers

L’autre samedi je suis passé place Garibaldi à Nice peu après 19 heures pour voir à quoi ressemblait le mouvement de solidarité avec les indignados espagnols. Il n’y avait guère que 5 ou 6 personnes et pour cause, les rassemblements sont programmés les mercredis et dimanches... 
Ayant reconnu une amie, je suis allé lui faire la bise et j’ai salué les autres personnes. L’un des hommes présents qui se présentera plus tard sous le prénom de Raoul, âgé d’une trentaine d’années m’a adressé à plusieurs reprises de larges sourires. Je ne sais plus comment la conversation est venue sur le cinéma, plus précisément l’écriture et le tournage de films, la recherche de figurants. Chaque fois que je me tournais vers Raoul, j’avais droit à un nouveau sourire et un regard appuyé. Nous avons été trois à faire état de participation à des films. Raoul a proclamé que sa fille était ravissante, qu’il faudrait qu’il l’inscrive pour qu’elle fasse de la figuration. Nous lui avons cité plusieurs possibilités mais qui supposaient toutes le bénévolat, la participation amicale ou militante. Il a balayé cela, il fallait que ça rapporte, avec trois et bientôt quatre enfants, il ne s’en sort plus.
J’ai pensé qu’il faudrait peut-être qu’il arrête de faire des enfants dans ces conditions. Puis je me suis demandé ce que signifiaient ses sourires et regards qui, je l’ai vérifié ne s’adressaient qu’à moi, pas aux autres présents. Nous étions assis sous un arbre de la place, deux adolescents sont venus se poser à côté de nous pour chausser leurs rollers, ils ont tournés un moment devant nous avant de se décider à nous demander si l’on ne pourrait pas aller nous asseoir un peu plus loin, car la bordure où nous étions leur servait de piste pour leurs acrobaties à roulettes. Raoul n’a pas apprécié et il n’était pas question qu’il bouge d’un centimètre. Il n’allait pas se laisser chasser !
J’ai mieux compris le personnage quand je l’ai revu le mercredi suivant en présence d’une foule plus compacte. Il ne semble n’exister et de façon jubilatoire que sous le regard des autres. A notre première rencontre j’étais le seul inconnu dont il avait besoin de faire la conquête, les autres personnes présentes le connaissaient par cœur. Devant une foule, ses déplacements brusques et quelques gestes amples attiraient l’attention sur sa personne à sa satisfaction évidente mais sans qu’il ait besoin d’un échange véritable avec qui que ce soit. Je n’aurais pas eu l’occasion de prononcer des mots pour atténuer ses maux.
Maux de tête maux de mots maux de dents mots d'amour mots doux mots amers

2 commentaires:

Tambour Major a dit…

Mwoué, un comédien de la vie qui est en perpétuelle représentation. Sympathique 5 minutes mais très vite lassant, avant de devenir insupportable. Encore qu'il ne semblait pas souffrir d'une tare rédhibitoire dont sont atteints certains de ces spécimens : la suffisance...

resiliation mutuelle a dit…

Il a toutes les bonnes raisons d'avoir ces maux en même temps. La relation humaine là est basé sur l'hypocrisie.