lundi 23 février 2009

Ceci est art

J'ai bien l'intention dans les prochains messages d'écrire à propos de Ben et du tramway de Nice, mais aujourd'hui c'est d'art dont j'ai envie de parler. Avant d'emménager à Nice, j'ai vécu pendant trois ans dans un petit studio meublé à Paris dans le XIIIème arrondissement. Toutes mes affaires sont restées en garde-meubles pendant ce temps. C'est ainsi que j'ai été privé de mes livres, mes disques et surtout des œuvres d'art qui me sont chères. Une fois à Nice, j'ai attendu un peu avant des les sortir des cartons, ma priorité étant d'installer les meubles, de sortir le linge, les vêtements, la batterie de cuisine, les papiers (impôts, retraite, sécurité sociale, banque...).
Ce n'est qu'aujourd'hui que je me suis attaqué aux cartons alignés dans le couloir d'entrée et qui contenaient toutes les photos encadrées, lithographies, peintures, dessins, affiches, collages... Et c'est une joie que de revoir chaque œuvre, me remémorer son auteur quand je le connais, les circonstances de l'acquisition (achat, don, cadeau pour telle ou telle occasion). Ce que j'appelle l'œuvre au noir de Patrice Salsa, c'était un cadeau de l'auteur et néanmoins ami, pour mes 48 ans où j'avais fait une grande fête dans l'île de Migneaux à Poissy chez mes amis Marc Uguen et Gérard Marot. Les photos de musiciens de jazz de Jean-Marc Birraux, c'est lui qui me les a offertes à la fin de l'exposition que j'avais organisée à la Discothèque des Halles à Paris. J'ai une gravure sur linoleum dédicacée par Marion Brown en 1990 que j'allais souvent écouter au théâtre Dunois mais je ne me souviens plus des circonstances. La peinture de Nicolas d'Hautefeuille, je la lui ai achetée à son domicile à Bordeaux quand j'ai fait sa connaissance par l'intermédiaire de son cousin Antoine. J'ai aussi une bannière (toile peinte non tendue) d'Yves Olry que j'ai dû acquérir à la fin des années 70 quand j'habitais Givors. Je n'ai pas encore déballé toutes les affiches mais l'une de mes préférées qui est contrecollée sur bois est l'affiche de la Dispute de Marivaux mise en scène de Patrice Chéreau au TNP de Villeurbanne. Quand je vois cette affiche, je revois la pièce, j'entends la musique de Mozart qui servait de musique de scène. Je vais aussi apprendre à vivre avec les œuvres les plus récentes offertes pour mon départ en retraite.
En une matinée, je n'ai pas eu le temps de tout accrocher, mais j'ai choisi les emplacements de chaque œuvre et je ressens beaucoup d'émotions à la vue de chacune d'entre elles. L'aspect de mon appartement est déjà complètement changé. Les grands murs tout blanc disparaissent ou font ressortir les taches de couleur, soulignent les gris et les noirs. Je remarque que j'ai peu d'œuvres très colorées, il y a beaucoup de noir et blanc, ce qui est banal pour la photographie, mais aussi beaucoup de gris et de noir dans les estampes.
Et je ne comprends pas comment j'ai pu vivre sans la présence quotidienne de l'art. Ceci est tare.

dimanche 15 février 2009

Vendredi 13

Vendredi dernier, le 13 février, je suis allé voir Bar franco-italien une pièce de Myriam Tanant, mise en scène par Jean-Claude Penchenat au Théâtre national de Nice. J'ai bien aimé... mais ce n'est pas le sujet de ce jour et cette pièce n'est jouée que trois fois à Nice. En sortant du théâtre, je me suis rendu dans un bar à vin et restaurant In vino qui vient d'ouvrir dans le Vieux Nice, rue de l'hôtel de ville, pour rejoindre des amis qui, eux, sortaient d'un autre spectacle. Nous avons dîné ensemble et fort bien, le cadre est très agréable, les patrons sympathiques, bref c'est une adresse tout à fait recommandable.
La conversation aidant nous sommes sortis vers une heure du matin et je me suis retrouvé à une station de tramway avec l'information suivante affichée : service terminé. J'ai marché en direction de chez moi en guettant un taxi. Arrivé à une station de taxi déserte, j'ai appelé pour en avoir un. On m'a signalé dix minutes à un quart d'heure d'attente. Vingt minutes plus tard, j'étais toujours là quand une voiture s'est approchée. Le conducteur, un jeune homme à l'accent maghrébo-niçois après avoir constaté qu'il faisait froid et que j'étais vieux puis m'avoir demandé où j'allais, m'a proposé de me raccompagner. J'ai accepté et suis monté à l'arrière du véhicule puisque un autre jeune occupait la place du mort. Et la conversation a commencé ou plutôt le soliloque du chauffeur qui se retournait sans cesse vers moi tandis que son copain redressait le volant pour que nous restions sur la route. Dans l'ordre, les sujets abordés : les taxis sont tous des arnaqueurs, vous me donnerez bien un petit billet, c'est la crise depuis que la France a intégré l'Europe et que l'€uro a remplacé le franc, c'est dur le chômage, impossible pour les jeunes de trouver du travail, alors il faut pas s'étonner de la délinquance, Dieu vous aime...
Et si je n'étais pas vraiment rassuré, même de moins en moins au fur et à mesure des fautes de conduite et des sujets abordés, quand Dieu est apparu, là j'ai vraiment eu peur ! Contrairement à mes présupposés, ce jeune homme était épiscopalien. Je m'attendais à une réplique du genre : Aboule l'oseille, Dieu qui t'aime te le rendra. Pour ne pas me rassurer, nous avons dépassé un jeune auto-stoppeur ; le conducteur ne s'est pas arrêté et a grommelé quelques propos indistincts. Ensuite j'ai appris que mes hôtes sortaient du casino où, bien que nous soyons le vendredi 13, ils avaient tout perdu. Nous sommes néanmoins arrivés à Pont Michel au terminus du tram, j'avais discrètement sorti le plus petit billet (5 €) que j'avais sur moi. J'ai remercié ces jeunes gens en leur serrant la main et en leur laissant le billet. Ils insistaient pour me raccompagner jusqu'à chez moi, pour qu'à mon âge je n'ai pas à marcher dans le froid. Je suis sorti de la voiture, ils ont fait demi-tour et je suis rentré chez moi, un peu honteux d'avoir eu si peur.

mercredi 11 février 2009

Le verger de pierres


Le verger de pierres est un récit de Timothy Findley, auteur canadien anglophone que j'ai découvert grâce à Zachari Logan dont l'autoportrait au pastel figure ci-contre. J'ai toujours aimé lire les ouvrages recommandés par mes amis.
Le titre original From Stone Orchard : a collection of memories est plus explicite que le titre choisi par Le serpent à plumes qui l'a édité en français. Stone Orchard est le nom d'une ferme que l'auteur et son compagnon ont acheté en 1964 non loin de Toronto.
[© Zachari Logan] Chaque chapitre est un récit indépendant, proche du journal intime et raconte des anecdotes, des souvenirs liés à cette ferme, son jardin, ses travaux, les voisins, les amis qui passent... Mais ce qui est marquant dans ce livre, c'est le rapport à la nature qu'il décrit. "... mais la récolte peut aussi donner un sentiment de bonheur qui va croissant et, à l'occasion, peut réserver une surprise." Et sous la terre retournée, outre les nombreuses pierres qui justifient le titre en français, surgit l'Histoire, des histoires, le passé. Timothy Findley peu à peu modèle le paysage, crée un étang mais c'est fait dans le respect de la terre, des traditions, avec l'aide des jeunes gens du voisinage.
C'est avec plaisir que j'ai lu ce livre même si pour rien au monde, je ne voudrais vivre à la campagne et si mon père a réussi à me dégoûter à tout jamais du jardinage par des travaux forcés tout au long de mon enfance. J'ai mis sur ma liste de lecture le roman le plus connu de Timothy Findley : Pilgrim. Et encore merci à Zachari pour ce plaisir partagé.

lundi 9 février 2009

D'un genre à l'autre

Hier soir, j'ai enfin rencontré des membres de l'équipe des rencontres cinématographiques de Nice D'un genre à l'autre, que je cherchais depuis plus d'un mois par différents biais. Grâce à Facebook, je savais que Benoît, son directeur artistique, se rendrait au Fard, un bar gay sur la promenade des Anglais qui fêtait son deuxième anniversaire. J'y suis allé et après avoir fait le tour des lieux, je me suis installé à l'entrée, au bout du bar, à côté du DJ et j'ai siroté un jus d'orange en regardant qui rentrait. Et qui est venu s'installer sur le tabouret à côté du mien ? Benoît que j'ai hésité à reconnaître car il me tournait le dos et je ne l'avais vu qu'en photo sur Facebook. Mais le DJ n'ayant pas encore commencé à sévir, j'entendais les conversations autour de moi. Dès que quelqu'un a salué Benoît par son prénom, j'ai attendu le moment propice pour me présenter, mais j'ai été devancé par Sylvain, le régisseur général qui m'a identifié et intégré au groupe. J'ai fait aussi la connaissance de Sébastien le trésorier. Quand la musique est devenu plus forte, nous sommes sortis et avons pu discuter un peu. Ce qui est drôle c'est que Benoît avait entendu parler de moi par Lo, Sylvain par l'un des organisateurs du festival de Saint-Etienne et Sébastien par Blaise, le fils d'un collègue. Je suis invité à la prochaine réunion de l'équipe qui aura lieu le 21 février. Je m'en réjouis.

vendredi 6 février 2009

Ligeti, Chostakovitch, Schumann

Je sors de l'Opéra de Nice où je suis allé écouter un concert de l'Orchestre philharmonique de Nice dirigé par Günter Neuhold. Au programme Lontano de György Ligeti, cette pièce de 1967, d'une apparente sobriété en un seul mouvement continu, est cependant pleine de nuances, de scintillements, elle préfigure la musique spectrale. Et visiblement elle déconcerte les abonnés qui arrivent là, sans même savoir quelles sont les œuvres au programme et les commentaires chuchotés n'ont pas manqué de m'irriter pendant l'exécution. Mon voisin de droite, qui a détesté l'œuvre, pensait que c'était une création, une auditrice derrière moi parlait de musique d'enterrement. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire pendant la pause avant la pièce suivante que pendant les enterrements, par respect, on se tait. Ensuite vint le Concerto pour violoncelle et orchestre n° 2 de Dimitri Chostakovitch avec en soliste l'excellente Sonia Wieder-Atherton que j'ai déjà entendue à plusieurs reprises, le plus souvent dans des œuvres contemporaines. Le public était sinon moins hostile en tout cas moins audible. J'ai trouvé l'œuvre magnifique et l'interprétation remarquable. En bis, Sonia Wieder-Athertona joué une pièce pour violoncelle solo qu'elle n'a pas annoncée et que je n'ai pas reconnue. C'était beau sans plus. Après l'entracte, le concert s'est achevé avec la Symphonie n° 4 de Robert Schumann, l'orchestre est magnifiquement utilisé, on est emporté par cette musique puissante, joyeuse et enthousiasmante. La salle a unanimement apprécié, le XIXème siècle n'est pas trop dépaysant.

jeudi 5 février 2009

Des listes

J'établis des listes pour tout et n'importe quoi. Pour aller faire les courses au supermarché, banal direz-vous mais que penser des pièces de théâtre et des films vus, des livres lus, de mes adresses successives, de mon poids chaque jour, de ce que je mange à chaque repas...
Par exemple, aujourd'hui : je pèse 92,9 kg ; ce matin j'ai pris : 4 biscottes, 10 g de beurre, 25 g de confiture de fraises et un bol de café non sucré ; à midi : une salade de tomates avec huile d'olive et basilic ciselé, des fettuccini frais avec une sauce poivrons et aubergines, du pain brioché avec du fromage Petit pont au cidre et aux cinq baies, deux clémentines, une tasse de café avec un édulcorant plus un carré de chocolat au lait ; ce soir : une soupe de légumes, une mousseTaillefine au fromage blanc sur lit de pêches ; j'ai lu quelques pages de Timothy Findley Le verger de pierres paru au Serpent à plumes en 2001.

mercredi 4 février 2009

Le balcon

Le balcon est un lieu intermédiaire, il est chez soi mais il est dehors. Du balcon, on peut regarder vers l'intérieur comme vers l'extérieur sur lequel on a un point de vue élevé et distancié.
C'est donc du balcon que j'écrirai aussi bien sur ce qui se passe dehors que dedans, le dedans pouvant aller jusqu'au moi profond s'il veut bien se révéler. Je m'autorise à décrire mes rêves, mes lectures, raconter des anecdotes sur ce que je vois, y compris quand je quitte mon balcon pour descendre dans le monde, la ville en dessous, les collines environnantes ou des lieux plus lointains ; mais aussi parler des gens croisés, rencontrés qu'ils soient anonymes, inconnus ou amis proches.